
Interdire les cellulaires dans les écoles québécoises
Rapport intérimaire de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux
La Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux recommande l’interdiction complète des téléphones cellulaires et autres appareils mobiles dans toutes les écoles primaires et secondaires du Québec jusqu’à la fin des cours, y compris sur le terrain de l’école, dès la rentrée scolaire 2025-2026.
Le rapport intérimaire (PDF, 816 Ko) de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes (CSESj) a été publié en avril 2025. Les travaux ont impliqué la consultation d’environ 700 personnes, incluant des spécialistes, des organismes, et 500 élèves du primaire et du secondaire.
Une seule recommandation émane de ce premier document de la Commission. Elle concerne spécifiquement les appareils mobiles individuels à l’école. Le rapport final complet, qui couvre l’ensemble des aspects du mandat de la Commission, sera publié vers la fin du mois de mai.
Cette première recommandation de la Commission a pour effet d’étendre considérablement l’interdiction actuelle de l’utilisation des cellulaires en classe dans les écoles publiques du Québec. Depuis janvier 2024, une directive ministérielle interdisait déjà l’utilisation des cellulaires en classe avec certaines exceptions pour les usages pédagogiques, les besoins de santé ou les élèves à besoins particuliers. Cependant, cette interdiction ne s’étendait pas aux autres espaces scolaires, comme les cafétérias, les corridors et les cours d’école, jusqu’à la fin des cours, y compris pendant les pauses et l’heure du midi.
« Malgré l’interdiction d’utiliser un cellulaire en classe annoncée par le ministre de l’Éducation en octobre 2023, les appareils mobiles individuels demeurent bien présents dans les cafétérias, les corridors et les cours d’école. Devant cette réalité, plusieurs spécialistes ont souligné l’intérêt de les interdire sur l’ensemble du territoire des établissements d’enseignement primaire et secondaire. »
(CSESj, 2025, p.5)
La recommandation
La Commission recommande formellement que le gouvernement du Québec :
- Interdise, dès la rentrée scolaire 2025-2026, l’usage des cellulaires, des écouteurs et autres appareils mobiles personnels dans l’ensemble des écoles primaires et secondaires jusqu’à la fin des cours, y compris sur le terrain de l’école.
- Maintienne les exceptions actuelles (usages pédagogiques, raisons de santé, besoins particuliers).
- Laisse aux écoles la flexibilité de déterminer les modalités d’application spécifiques (lieu d’entreposage des appareils, sanctions, etc.).
- Soutienne les établissements dans la mise en œuvre de cette mesure en favorisant l’accès à des activités sans écran.
Des exceptions seraient toutefois prévues, notamment pour les élèves à besoins particuliers, pour des fins pédagogiques spécifiques ou en fonction de l’état de santé d’un élève.
Situation actuelle et principaux constats concernant les appareils mobiles individuels à l’école
Le rapport souligne que la possession de téléphones intelligents est particulièrement répandue chez les jeunes du secondaire. Elle atteint plus de 80 % en première année du secondaire, comparativement à environ 50 % en 6e année du primaire. L’analyse de la Commission repose sur l’observation de plusieurs constats importants :
Impact sur l’apprentissage: Les études montrent que l’utilisation d’appareils numériques à des fins personnelles en classe conduit à une baisse de l’apprentissage. La simple présence d’un cellulaire éteint peut affecter la mémoire de travail.
Obstacle à la socialisation : Les témoignages recueillis indiquent que les cellulaires créent « une barrière pour se faire des amis » et nuisent aux interactions sociales pendant les récréations et l’heure du dîner.
Source de cyberintimidation : Le Service de police de la Ville de Montréal a souligné que plusieurs cas de cyberintimidation, de menaces et de diffusion d’images intimes prennent naissance dans les établissements scolaires durant les heures de classe.
Expériences positives de l’interdiction : Dans les écoles où les cellulaires sont déjà interdits, la majorité des élèves rapportent apprécier cette mesure, notant une amélioration de la socialisation et une diminution des conflits.
Qu’en disent les proncipaux intéressés
Le rapport présente les positions variées des différentes parties prenantes :
- Personnel enseignant : 76,2 % des 6855 membres sondés par la Fédération des syndicats de l’enseignement sont en faveur de l’interdiction du cellulaire partout à l’école
- Parents : 78 % des parents ayant répondu à la consultation en ligne privilégient l’interdiction complète.
- Élèves : Les jeunes de 14 à 17 ans expriment généralement une réticence face à l’interdiction complète, craignant notamment pour l’isolement de certains élèves marginalisés. Toutefois, les élèves fréquentant des écoles où la mesure est déjà en place témoignent majoritairement de ses bénéfices.
- Autres acteurs du milieu scolaire : Certaines fédérations (comités de parents, personnel de direction) préfèrent que ces décisions soient prises localement plutôt que par une directive nationale uniforme.
Conclusion
La Commission admet que cette mesure, prise isolément, ne règlera pas tous les problèmes associés aux écrans. Elle constitue cependant un élément important d’une démarche globale visant à encourager un usage plus équilibré des technologies et à renforcer la vocation de socialisation de l’école.
Bibliographie
Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes. (2025, avril). Rapport intérimaire.
Consultez la page d’information de la Commission : https://p.communications.assnat.qc.ca/csesj