12 septembre 2024

Vers un numérique public plus durable grâce à l’écoconception

Réduire l’empreinte écologique des technologies

Un référentiel pour accompagner les démarches volontaires d’écoconception des services numériques au sein de la fonction publique française.

La question environnementale prend une importance croissante, notamment dans le secteur de l’enseignement supérieur, qui est invité à agir sur tous les fronts pour diminuer son impact écologique. Le dernier rapport d’Educause en fait d’ailleurs une tendance de fond à suivre de près au cours de la prochaine décennie (lire notre billet à ce sujet).

En ce qui concerne plus spécifiquement l’usage du numérique en éducation, un numéro récent de la revue Distances et médiations des savoirs, que nous avons commenté dans un billet (à consulter via ce lien), révèle que les acteurs et actrices de la formation se sentent encore peu outillés pour réduire l’empreinte numérique de leurs pratiques pédagogiques. Ce constat survient alors même que la numérisation des activités d’apprentissage ne cesse de croître depuis la pandémie de COVID-19.

La publication en mai 2024 du « Référentiel général de l’écoconception des services numériques », élaborée par plusieurs organismes publics français, arrive à point nommé. Ce document a pour objectif d’« accompagner les démarches volontaires d’écoconception » (p.3) au sein de l’administration française. Considérée par certains experts comme un leader du « numérique responsable » en Europe, la France a initié, ces dernières années, diverses démarches porteuses, dont la publication de ce document technique.

Le référentiel général, qui est sans équivalent en contexte québécois ou canadien, devrait susciter notre intérêt même s’il ne « thématise » pas la réalité du monde de l’éducation supérieure. Il mérite notre attention car il est appelé à devenir un outil incontournable pour évaluer et réduire l’empreinte environnementale des pratiques numériques au sein des services publics. Ce document de 130 pages, richement documenté et accompagné de multiples recommandations, repose sur 78 critères à considérer. Il s’adresse à toutes les personnes impliquées dans le domaine du numérique dans le cadre de leurs activités professionnelles. »

Qu’est-ce que l’écoconception ?

Pour orienter les démarches de « sobriété environnementale » à travers la conception de « services numériques plus durables », le référentiel s’appuie sur la définition de l’écoconception proposée par l’Agence de la transition écologique (anciennement Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, ADEME) :

« l’intégration des caractéristiques environnementales dans la conception du produit en vue d’améliorer la performance environnementale du produit tout au long de son cycle de vie ».

Afin d’opérationnaliser cette définition, le référentiel poursuit quatre objectifs :

  1. Concevoir des services numériques plus durables permettant d’allonger la durée de vie des terminaux.
  2. Promouvoir une démarche de sobriété environnementale face aux stratégies de captation de l’attention de l’utilisateur pour des usages alignés avec des objectifs environnementaux.
  3. Diminuer les ressources mobilisées sur le cycle de vie du service numérique, y compris en optimisant le trafic de données et la sollicitation des infrastructures numériques.
  4. Accroître le niveau de transparence sur l’empreinte environnementale du service numérique.

Le quatrième objectif, qui porte sur la transparence dans une démarche d’écoconception, constitue d’ailleurs le point de départ de toute initiative en la matière.

Mettre en place une démarche d’écoconception

Le référentiel souligne l’importance de publier une « déclaration d’écoconception », non seulement pour affirmer son engagement, mais aussi pour documenter les actions mises en œuvre en vue de créer un service numérique plus durable.

Pour orienter ces efforts, le référentiel propose 78 critères pour construire et évaluer sa démarche d’écoconception. Chaque critère est exprimé sous forme de question. Voici deux exemples :

  • En matière de stratégie : « le service numérique a-t-il défini ses cibles utilisatrices, les besoins métiers et les attentes réelles des utilisateurs cibles ? »
  • En matière de spécifications : « le service numérique est-il utilisable sur d’anciennes versions du système d’exploitation et navigateurs web ? »

Chaque critère-question est associé à un niveau de difficulté et de priorité (prioritaire, recommandé, modéré). Le niveau « prioritaire » se réfère aux éléments à dimension systémique, c’est-à-dire ceux qui touchent à la « stratégie globale » de l’organisme responsable de la conception du service.

On trouvera son miel dans un volumineux et incontournable annexe au rapport. Celui-ci propose pour chaque critère une fiche de synthèse détaillant les métiers concernés, des stratégies de mise en œuvre (souvent associé à des méthodologies éprouvées) et des moyens de contrôler l’avancement des efforts d’application du critère.

Exemple de fiche en annexe :

Bibliographie

Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse et Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (2024, mai). Référentiel général de l’écoconception des services numériques.
Source : https://ecoresponsable.numerique.gouv.fr/publications/referentiel-general-ecoconception/

Pour aller plus loin

Les sites gouvernementaux de la France contiennent plusieurs ressources relatives aux lois et initiatives relatives au numérique responsable. On peut prendre connaissance du Plan de transformation écologique de l’État français, écouter les balados diffusées par la Mission interministérielle sur le numérique responsable (MiNumEco), ou encore consulter le Guide de bonnes pratiques numérique responsable pour les organisations.

Référentiel général décoconception de services numériques (RGESN) – 2024 (PDF – 1Mo) CC BY-SA
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