
Bien-être numérique et IA au travail
Analyse de facteurs capacitants et incapacitants
«Il est important de saisir les effets induits par l’intégration et l’adoption accrue du numérique dans l’environnement du travail sur la santé des personnes en milieu de travail.»
(Psyché et al., 2024, p. 2).
Dans une publication d’octobre 2024, trois chercheuses de la TÉLUQ ont exploré les avantages et les inconvénients liés à l’usage du numérique et des outils d’IA en milieu de travail depuis la pandémie de 2020.
S’appuyant sur une revue de littérature utilisant des outils d’IA pour synthétiser les travaux existants, l’étude met en évidence les facteurs clés influençant l’expérience des personnes en milieu de travail face à ces innovations technologiques.
«Nous cherchons à discerner si l’usage des technologies numériques offre un réel potentiel d’épanouissement, de confort et de satisfaction générale dans la réalisation du travail au quotidien ou si, au contraire, cet usage impose une intensification du travail, notamment en raison des difficultés d’utilisation des technologies, affectant ainsi le bien-être de l’individu.» (Psyché et al., 2024, p. 2)
Facteurs clés susceptibles d’influencer ou de nuire au bien-être
1- Formation et développement de compétences numériques
- «L’importance de la formation continue est cruciale pour le développement des compétences numériques dans le contexte professionnel actuel. Face à la transformation rapide du numérique, les personnes en milieu de travail doivent régulièrement actualiser leurs compétences afin de s’adapter aux nouvelles technologies et aux évolutions des méthodes de travail.»
- Les autrices soulignent la nécessité d’impliquer activement les employé·es dans l’intégration des technologies, afin de promouvoir leur bien-être et d’encourager leur épanouissement professionnel.
2- Obsolescence des compétences et bien-être numérique
- L’accent est mis sur les défis liés à l’évolution rapide des technologies, qui rendent les compétences rapidement obsolètes, ainsi que sur les enjeux spécifiques de la sous-représentation des femmes dans un secteur à prédominance masculine.
- Pour atténuer ces effets, il est recommandé de mettre en place des programmes de formation continue favorisant le développement de l’auto-organisation, la reconnaissance de soi et de ses besoins d’épanouissement au travail, la validation des acquis, ainsi que des mesures d’équité, de diversité et d’inclusion. Par ailleurs, une participation plus inclusive et diversifiée au sein des équipes de direction et de gestion de projet est également encouragée.
3- Acceptation de la technologie — attitudes envers le changement
- Une attitude positive envers le changement est essentielle pour adopter efficacement les transformations induites par l’intégration du numérique et de l’IA.
- L’importance d’impliquer les employé·es dans les décisions technologiques est soulignée.
4- Dynamiques de groupe — culture organisationnelle et identité professionnelle
- On met en évidence la manière dont le numérique transforme en profondeur les dynamiques de travail et redéfinit les rapports au collectif ainsi que la sociabilité, tant en présentiel qu’à distance.
- De nouvelles formes de travail, comme le télétravail, transforment les dynamiques, accentuent l’individualisation des tâches et modifient les interactions entre employé·es ainsi que la séparation entre vie professionnelle et vie personnelle.
- Les perceptions d’insécurité d’emploi liées aux nouvelles technologies peuvent toutefois nuire à l’engagement et à la satisfaction professionnelle. En revanche, lorsque les personnes en milieu de travail considèrent ces technologies comme un soutien facilitant leurs tâches et améliorant leur performance, elles sont davantage disposées à les adopter.
- De nouvelles formes d’identité professionnelle émergent, caractérisées par des carrières sans frontières et un travail en réseau facilité par les plateformes numériques.
- Les équipes de direction doivent s’adapter à ces transformations pour maintenir l’engagement, encourager l’innovation et gérer les défis éthiques liés à l’utilisation des technologies numériques.
5- Regards sur le potentiel capacitant et incapacitant du numérique.
- L’objectif est de créer un environnement où le numérique agit comme un facteur favorable au bien-être et au développement professionnel, plutôt que comme un obstacle.
- Le numérique est présenté comme un vecteur d’émancipation dans le cadre des transformations numériques et de l’IA. Toutefois, il peut aussi aggraver les inégalités existantes, notamment en matière de littératie numérique et d’accès aux technologies.
- Il est recommandé aux organisations de veiller à une intégration harmonieuse des services numériques et de remédier aux obstacles liés à la littératie, à la langue d’accès et aux compétences numériques, afin de favoriser une évolution positive.
Conclusion
En définitive, l’analyse propose un cadre de réflexion pour concevoir un environnement de travail où la technologie enrichit l’expérience des personnes et soutient leur bien-être. Elle prend en compte des facteurs clés tels que le développement des compétences, l’acceptation du changement et les dynamiques collectives. L’étude insiste également sur l’importance du pouvoir d’agir des personnes dans un milieu de travail en constante évolution et sur la nécessité d’une réévaluation continue de l’équilibre entre les avantages et les inconvénients de ces avancées.
L’objectif est de garantir que le numérique et l’IA agissent comme des catalyseurs de l’épanouissement professionnel, plutôt que comme des sources de stress ou d’isolement.
Référence
- Psyché, V., Jean Baptiste, V. P., & Tremblay, D.-G. (2024). Bien-être numérique et IA au travail : analyse de facteurs capacitants et incapacitants. https://www.researchgate.net/publication/384015836_Bien-etre_numerique_et_IA_au_travail_analyse_de_facteurs_capacitants_et_incapacitants