6 octobre 2022

Neuroéducation, neurotechnologie et neurodroits

Ce billet s’inscrit dans notre axe de veille En émergencePratiques et technologies à l’horizon. Les champs de recherches disciplinaires mentionnés dans notre titre sont parfois perçus comme de la science-fiction. Cependant, ces champs de recherche soulèvent déjà énormément de débats et d’enjeux éthiques depuis le début des années 2010.

Les neurotechnologies en éducation

En éducation, les chercheurs tentent de trouver les meilleures manières d’apprendre et d’enseigner en étudiant le cerveau. La neurotechnologie est déjà utilisée en Chine pour surveiller l’attention des élèves de l’école primaire au moyen d’un dispositif qui enregistre leur activité neuronale. (Guardian 2019).

Tous comme les drogues utilisées pour améliorer la concentration et étirer les sessions d’étude, de nouveaux types d’assistance neurotechnologique pour améliorer les performances des étudiant·es se développeront rapidement. Tout cela se profile déjà à l’horizon.

Dans un rapport publié en août 2022, le Dr Allan McCay examine les implications juridiques et éthiques avec ces nouveaux développements, notamment en éducation.

“Avec le temps, les établissements d’enseignement pourraient être confrontés à de nouvelles questions relatives à des formes neurotechnologiques d’inconduite académique. Par exemple : quels types d’assistance neurotechnologique sont autorisés dans le cadre de l’évaluation de l’apprentissage ? Que se passe-t-il si certains étudiant·es ont accès aux neurotechnologies pour améliorer les performances et d’autres non ?”
(Traduction libre)

“In time educators might start to face new
questions relating to equity and academic integrity; for example: what kinds of neurotechnological assistance are permissible in relation to assessment tasks? What if some students have access to performance-enhancing neurotechnologies and others do not?”

Horizon Report for The Law Society 
‘Neurotechnology, law and the legal profession’ (p.5). August 2022.

En effet, nous serons en droit de nous questionner si des formes d’assistance neurotechnologique constituent une faute académique ou non. Des questions d’équité émergeraient alors si certains étudiant·es avaient accès aux technologies d’amélioration et d’autres pas.

Les droits du cerveau

L’utilisation des neurotechnologies vient affecter nécessairement les droits fondamentaux de l’homme. Le concept de neurodroits devient un nouveau cadre juridique qui commence à être implanté dans certains pays dans le monde. Les neurotechonologies sont porteuses d’espoir pour plusieurs, mais les dérives potentielles suscitent l’inquiétude.

Pour illustrer les enjeux éthiques, nous reprenons ci-dessous l’infographie publiée par la compagnie Iberdrola, une compagnie productrice mondiale d’électricité qui s’intéresse à ces neurodroits. Le concept a été développé par The NeuroRights Foundation sous la direction l’Université Columbia de New York.

Les cinq neurodroits

  1. Identité personnelle : Sous aucune considération, la neurotechnologie ne doit altérer le sentiment d’identité personnelle.
    • Il s’agit de limiter toute neurotechnologie qui altérerait le sentiment d’identité d’une personne et d’empêcher la perte de l’identité personnelle par la connexion à des réseaux numériques externes.
  2. Égalité d’accès : L’amélioration des capacités du cerveau grâce à la neurotechnologie doit être accessible à tous.
    • Il s’agit de réglementer l’application des neurotechnologies pour augmenter les capacités cérébrales, afin qu’elles ne soient pas réservées à un petit nombre et ne génèrent pas d’inégalités dans la société.
  3. Libre arbitre : Les individus doivent être en mesure de prendre des décisions librement, c’est-à-dire sans manipulation neurotechnologique.
    • Il s’agit de préserver la capacité des personnes à prendre des décisions de manière libre et autonome, c’est-à-dire sans aucune manipulation par le biais des neurotechnologies.
  4. Vie privée mentale : Les données recueillies sur l’activité cérébrale des personnes ne peuvent être utilisées sans leur consentement.
    • Elle protège les individus contre l’utilisation des données obtenues lors de la mesure de leur activité cérébrale sans leur consentement et interdit expressément toute transaction commerciale impliquant ces données.
  5. Protection contre les préjugés : Les personnes ne peuvent être discriminées sur la base de données obtenues par la neurotechnologie.
    • Il s’agit d’empêcher que les personnes soient discriminées sur la base de tout facteur, comme une simple pensée, qui peut être obtenue par l’utilisation des neurotechnologies.

En conclusion

Les cinq neurodroits du cerveau touchent étroitement les valeurs, de citoyenneté, d’accessibilité, d’intégrité, de libre arbitre, de vie privée mentale, d’équité, de diversité et d’inclusion en éducation. C’est pourquoi nous suivrons ce sujet sous cet angle dans notre veille.

Pour en savoir plus :

https://www.iberdrola.com/innovation/neurorights

https://neurorightsfoundation.org/

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