9 janvier 2024

Conversation avec le recteur de l’UQAM à travers 8 oeuvres significatives

Dans cet épisode balado de janvier 2024, le recteur Stéphane Pallage nous partage généreusement quelques ouvrages marquants pour évoquer des épisodes de son parcours de vie académique, professionnelle et même de moments plus personnels et difficiles. La pédagogie ? « Je donne et je reçois », « c’est très nord-américain, le côté interactif ». On parle de cancer, de deuil, de poésie, de son grand-père écrivain, d’art, de vivre-ensemble, de Dorothy Parker et de Michel Houellebecq, de gratuité scolaire. « Je vis avec des œuvres de Françoise Sullivan dans mon bureau, c’est un privilège ». Le propos est varié, de très haute tenue, étonnant, personnel, souvent suggestif, assurément stimulant.

Le collimateur et ses balados

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Dans cet épisode :

[00:19] Présentation de Stéphane Pallage, recteur de l’UQAM, ainsi que de Jean-Michel Lapointe et de Yves Munn, chargés de projets technopédagogiques au Carrefour d’innovation et de pédagogie universitaire de l’UQAM.

[00:58] M. Pallage exprime son plaisir de l’écriture et son rapport à la lecture littéraire.

Paul Verlaine est un poète qu’il a découvert jeune.

Oeuvres poétiques complètes
Auteur : Paul Verlaine, 1844-1896.
Publication : Édition Robert Laffont, 2002 (éd. présentée et établie par Yves-Alain Favre) – Poésie française

[2:55] « Les origines de mon amour de l’écriture, c’est Verlaine. Poète que j’ai découvert très jeune. J’aimais beaucoup la poésie à cet âge et j’écrivais. Je soumettais mes poèmes à des concours. J’étais étudiant du secondaire en Belgique. C’est un poète qui m’a beaucoup marqué. »

« Des poèmes ont été publiés à différents endroits à l’époque. Notamment dans un journal liégeois, qui s’appelait Le Chalut, qui était dirigé par une poétesse belge,  Maguy Thiry-Thiteux et qui, régulièrement, publiait un de mes poèmes dans son journal. »

[04:05] Une Nuit de la poésie de l’UQAM à la Place des Arts est prévue pour le 2 mars 2024.

[4:58] Poème de Verlaine lu par Stéphane Pallage : Le ciel est par-dessus le toit

Le ciel est, par-dessus le toit, 
Si bleu, si calme ! 
Un arbre, par-dessus le toit, 
Berce sa palme. 
 
La cloche, dans le ciel qu’on voit, 
Doucement tinte. 
Un oiseau sur l’arbre qu’on voit 
Chante sa plainte. 
 
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là 
Simple et tranquille. 
Cette paisible rumeur-là 
Vient de la ville. 
 
Qu’as-tu fait, ô toi que voilà 
Pleurant sans cesse, 
Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà, 
De ta jeunesse ? 

Paul VERLAINE  (1844 – 1896)

[5:35] Conversation à propos de sa jeunesse en Belgique et de son goût de faire des choses inhabituelles.

[6:58] Les États-Unis l’ont beaucoup marqué avant de découvrir le Québec.

[8:01] La rencontre avec Herbert A Simon lors de ses études doctorales à Carnegie Melon University.

Models of Thought
Auteur : Herbert A Simon (Herbert Alexander), 1916-2001.
Publication : New Haven, Conn. : Yale University Press, ©1979 – Traitement de l’information chez l’homme, Pensée

[ 8:05 ] « Herbert Simon, c’est l’un de ses auteurs que j’avais lus quand j’étais étudiant en Belgique. Quelqu’un qui avait un peu révolutionné la gestion et aussi l’économie. Il s’avère qu’à Pittsburgh, où j’étudiais pour mon doctorat à Carnegie Melon, Simon était encore professeur quand je suis arrivé. Et c’est un de ses professeurs de Carnegie qui avaient obtenu un prix Nobel d’économie. Et je peux vous raconter une petite histoire par rapport à Simon […] »

[10:20] Le choix vers les Sciences économiques et l’enseignement.

[11:09] « Je partais aux États-Unis faire un doctorat. Un doctorat en économie avec cette idée que je travaillerai peut-être pour une institution internationale comme le Fonds monétaire ou la Banque mondiale. Mais, l’amour de l’enseignement s’est incarné dès que je l’ai découvert. »

[11:33] Un prix en enseignement à l’ESG et sa vision pédagogique à l’UQAM.

« Dans un dans un cours, je donne et je reçois tout autant. Il y a un véritable échange entre les étudiantes, les étudiants et l’enseignant qui est très nord-américain. Cet échange en Europe, j’avais connu les grands auditoires, les grands auditoriums avec 800 personnes et un professeur à l’avant qui donne un enseignement unidirectionnel. Le côté interactif de l’enseignement, c’est très nord-américain et l’UQAM le pratique de façon exemplaire avec des petits groupes. C’est précieux les petits groupes. […] j’aime le dialogue dans un cours, donc je m’assure que les étudiants vont participer. »

[14:00] Michel Tremblay et la culture québécoise

Les Belles-Soeurs
Auteur : Michel Tremblay, 1942-
Publication : Arles (France) : Actes sud ; Montréal : Leméac, impression 2007, 1re éd. – Théatre québécois

[14:12] « C’est le premier livre que j’ai lu en arrivant à Montréal. Un collègue du Département des sciences économiques, en juin 95, débarque dans mon bureau. Il s’appelle Clément Lemelin et il me dit, il faut que tu lises ça, très vite. Bon, je l’ai lu évidemment la nuit en question et le lendemain matin je suis allé le voir. […] Je dois beaucoup à Clément qui s’est mis en tête qu’il fallait qu’il m’intègre à la société québécoise. Et puis, il l’a fait en m’apportant d’abord “Les Belles-Sœurs”. Donc, c’est un livre que j’ai beaucoup aimé. C’est une pièce que j’ai vue au moins deux fois depuis que je suis au Québec. »

[15:20] Son passage en Europe comme recteur à l’Université du Luxembourg de 2018 à 2022 et sa famille restée au Québec.

[17:50] Le deuil d’un enfant en jeune âge face à la perte d’un parent.

Healing children’s grief : surviving a parent’s death from cancer
Auteur : Grace Hyslop Christ
Publication : New York : Oxford University Press, 2000. – Deuil chez l’enfant

[18:05] « Line et moi sommes tous les deux veufs. Nous avons tous les deux perdu nos conjoints et conjointes du cancer à un âge beaucoup trop jeune. Sophie Lapierre, qui était la maman de mon fils, a eu un diagnostic de cancer à 35 ans, alors qu’elle était enceinte. […] En fait, elle a vécu avec nous quatre ans qui sont des années magnifiques. Mais, c’est certain qu’après la mort, le deuil est quelque chose qui est difficile à apprivoiser, autant pour un adulte, que pour un enfant. […] Puis, il s’avère que le deuil d’un adulte est très différent de celui d’un enfant. »

« Ce livre donc, a été écrit par une professeure de psychologie à l’Université de Chicago. Et qui a suivi des enfants, depuis la mort d’un parent, quel que soit leur âge, jusqu’à l’âge adulte. […] Dans le cas d’un enfant qui n’a pas encore l’écriture à portée de main, et qui est dans ses premières années […] les réactions sont parfois très inattendues. Ce livre m’a immensément aidé parce qu’il m’a permis de réagir, de ne pas avoir trop de surprises par rapport aux réactions des enfants. »

[20:40] Son intérêt pour l’enseignement d’un cours à l’ESG qui traite du travail des enfants en Afrique.

[22:35] La vie devant soi de Romain Gary

La vie devant soi
Auteur : Romain Gary (Émile Ajar), 1914-1980.
Publication : Paris, Mercure de France, [1982] – Roman

[23:00] « C’est un livre qui parle d’espoir et qui, même s’il n’est pas facile, qui nous amène de façon très brutale dans notre actualité. Je pense que je vous avais envoyé ça avant même que la guerre n’éclate au Proche-Orient. Mais, si tout le monde pouvait lire ce livre peut-être qu’il n’y en aurait pas de guerre. »

À l’UQAM, « nous sommes une communauté très, très diversifiée, très internationale aussi. Et vivre ensemble, ça veut dire s’apprivoiser, et je trouve que nous le faisons régulièrement très bien. Il y a un apprentissage immense de l’autre, du contact avec les autres. Et ce livre, qui était finalement le partage d’une maison ou le partage d’un appartement entre deux personnes et plus, c’est une métaphore pour tout le reste. »

[24:32] Sur l’importance d’avoir une institution ou une personne pour s’ouvrir à l’univers des livres et du savoir.

[26:25] Fondateur d’un théâtre à 16 ans, il livre sa vision de la Faculté des arts de l’UQAM.

[28:53] La murale de Françoise Sullivan dans le Quartier latin.

[29:35] Not Much Fun de Dorothy Parker (1920).

Not Much Fun: The Lost Poems of Dorothy Parker
Auteur : Dorothy Parker, 1893-1967.
Publication : New York, Scribner, c1996. – Poésie américaine

[29:43] « Dorothy Parker, c’est une poétesse américaine qui n’est pas très connue, mais qui a écrit des choses qui sont autant bouleversantes que cinglantes, que dérangeantes. […] C’est quelqu’un qui a une vie très dure et qui n’a pas de langue de bois dans sa poésie, mais vraiment pas, et qui moi m’a toujours interpellé. »

[30:50] Poème de Dorothy Parker lu par Stéphane Pallage : Resumé

Razors pain you; 

Rivers are damp; 

Acids stain you; 

And drugs cause cramp. 

Guns aren’t lawful; 

Nooses give; 

Gas smells awful; 

You might as well live. 

Dorothy Parker (1893-1967) 

[31:17] De la poésie contemporaine à la diplomatie d’un recteur.

[34:05] Soumission de Michel Houellebecq

Soumission
Auteur : Michel Houellebecq 1956-
Publication : Paris, Flammarion, 2015.

[34:20] « Houellebecq m’amuse. Houellebecq, il part dans tous les sens. Ce livre-là est un livre… Je pense qu’il faut le lire, parce qu’il peut nous apprendre quelque chose sur la facilité avec laquelle une société peut passer du statu quo à un retour au monde médiéval en l’espace d’une élection. C’est vraiment intéressant à lire. C’est très dérangeant aussi, mais ça nous rappelle que tout est fragile, que la démocratie, ça tient à un fil et qu’on doit la défendre au quotidien. C’est vraiment important, mais il est amusant. »

[35:58] Caligula de A. Camus

Caligula suivi de Le malentendu
Auteur : Albert Camus, 1913-1960
Publication : Paris, Folio, 2013, c1958. – Théatre

[36:12] « J’ai déjà parlé du théâtre. C’est un peu cette époque où nous faisions du théâtre en Belgique. J’ai découvert Camus, j’ai découvert Sartre, j’ai découvert donc les pièces de théâtre. Camus n’a jamais voulu qu’on dise qu’il était existentialiste, mais il faisait partie de ce mouvement. Et j’aurais pu vous donner une œuvre de Sartre, comme Les mouches, par exemple, qui certainement a eu la même influence sur moi que celle-ci. »

[38:16] Ce que lit le recteur au quotidien.

[39:16] Sur le métier de recteur et la gratuité scolaire comme modèle d’accessibilité.

Photo lors de l’enregistrement balado par Karine Gélinas, Le Carrefour, UQAM

Musique libre de droits par John Prestone

Montage par Carl Aksynczak, Le Carrefour, Audiovisuel UQAM

Idéation par Jean-Michel Lapointe et Yves Munn, Le Carrefour, UQAM

Plus d’information à propos du recteur Stéphane pallage

Stéphane Pallage – Biographie Wikipédia  : https://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9phane_Pallage

Ressources complémentaires

Le Collimateur et ses balados – Infolettre

Nous poursuivrons notre série d’épisodes balados en 2024 en espérant que nos conversations avec des acteurs du milieu puissent inspirer la communauté universitaire. Les sujets abordés seront axés sur la pédagogie en enseignement supérieur, en lien avec notre veille, les enjeux du monde de l’éducation, et les récits inspirants d’expériences vécues au sein de l’UQAM. 

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