Quelle est la meilleure méthode pour enseigner?
Nous attirons votre attention sur une série en ligne qui se nomme L’école en 10 questions. Dix balados et épisodes filmés qui sont disponibles sur le site savoir. média. Ils sont consacrés à la philosophie de l’éducation.
Normand Baillargeon, le concepteur, animateur et philosophe de la série, nous avertit d’emblée que les idées présentées dans cette série d’épisodes n’engagent que lui-même. Rappelons aussi que M. Baillargeon a été professeur en sciences de l’éducation à l’UQAM de 1989 à 2015 où il a quitté son poste de son propre chef.
Le neuvième épisode donne la place à un sujet qui suscite des débats passionnés dans la Faculté d’éducation, ou des Sciences de l’éducation… Cela dépend de votre position épistémologique sur la question des méthodes en éducation.
Existe-t-il une meilleure méthode pédagogique pour aider les élèves à apprendre? Et si oui, laquelle?
Une réponse importante à cette question nous vient de l’américain Siegfried Engelmann. Il a développé une méthode appelée « Instruction directe », qui s’est avérée supérieure aux autres lors d’une étude longitudinale menée aux États-Unis pendant dix ans sur 200 000 élèves. Et pourtant, cette méthode n’a jamais été adoptée dans les écoles du Québec. Pourquoi?
Cet épisode a l’avantage de présenter clairement certaines bases et des points de vue sur la question, qu’on y adhère ou non. Ce sont les prémisses d’un débat sain en éducation.
La question des méthodes
Les méthodes d’apprentissage sont regroupées en deux grandes familles, soit celles centrées sur l’enseignant comme l’enseignement magistral par exemple et celles centrés sur l’apprenant comme l’apprentissage actif et la pédagogie de la découverte pour en nommer deux. Mais comment juger de la valeur de ces méthodes? Comment on le mesure? Comment le fait-on?
(Normand Baillargeon 02:15)
Les points de vue
On commence par présenter qui est Siegfried Engelmann qui a mis au point la méthode par « Instruction directe » dans les années 60. Puis M. Baillargeon présente son premier invité qui est Christian Boyer, un consultant en orthopédagogie et en pédagogie, qui est aussi connu pour ses positions contre les mouvements du constructivisme et du postmodernisme en éducation au Québec. Ensemble, ils font l’historique du grand projet de recherche Projet Follow Through. Il s’agit d’une grande expérimentation sur une période de 10 ans (1967-1977) réalisée aux États-Unis en matière d’éducation. Cette étude compare et analyse l’efficacité de 22 approches pédagogiques appliquées auprès de jeunes élèves provenant principalement de milieux socio-économiques défavorisés. La méthode de l’enseignement directe ressort du lot par ses résultats et l’estime de soi élevée que les apprenants ont d’eux-mêmes. La méthode est connue aujourd’hui sous le nom d’apprentissage explicite. Malgré des résultats positifs, cette méthode n’a jamais vraiment percé ou été diffusée en éducation. M. Boyer parle d’une difficulté des systèmes scolaires à intégrer les données probantes en éducation.
La deuxième invitée se nomme Flavie Lebel, une élève et philosophe en herbe de 12 ans du Québec. Ne serait-ce que pour cet extrait (17:00) où on explique un concept philosophique adapté suivi de la réponse de Flavie sur ces préférences de méthodes, cela vaut vraiment le temps d’écoute de cet épisode. Ici, Flavie résume d’abord « magistralement » la question de Normand Baillargeon. Elle affirme préférer la méthodologie par projets centrée sur les élèves. Sa réponse est une preuve que les élèves et étudiants doivent être au coeur de l’échantillonnage des projets de recherche en éducation.
La troisième invitée se nomme Rahouadja Zarzi . Elle est enseignante en classe d’accueil à l’école Jacques-Bizard. Elle enseigne à des élèves nouvellement arrivés qui doivent s’intégrer dans leur nouveau milieu de vie. Elle affirme que sa première méthode est celle de la bienveillance. Sa deuxième méthode est l’enseignement explicite pour son cadre rassurant. Elle aime la planification rigoureuse que cette méthodologie impose, soit le modelage, la pratique guidée et la pratique autonome de l’élève. La pédagogie de Maria Montesorri occupe aussi une part importante dans son enseignement pour le développement de l’autonomie de l’élève. Mme Zarzi travaille conjointement avec les parents qui forment un trio gagnant enseignants-élèves-parents en éducation.
Conclusion
Que vous soyez béhavioriste, constructiviste ou connectiviste en éducation, Normand Baillargeon espère que sa série contribuera à la conversation démocratique sur les enjeux de l’éducation. Une série à voir!