
Mieux comprendre les mécanismes cérébraux d’apprentissage pour favoriser la réussite
Le présent article vise à discuter de l’idée qu’une meilleure compréhension des mécanismes cérébraux d’apprentissage pourrait faciliter la mise en application des connaissances issues de la recherche et ainsi favoriser la réussite scolaire des élèves.
« …il ne suffit pas de connaître ce qui fonctionne en général, mais il faut aussi savoir pourquoi ce qui fonctionne est susceptible de fonctionner, ou pas, et à quel point, dans le contexte dans lequel on se trouve. » p. 230
« …les connaissances antérieures jouent un rôle important dans l’acquisition de nouvelles connaissances. Tout comme il est utile pour les enseignants de connaître les connaissances antérieures des élèves pour mieux leur enseigner, […] il faut choisir et mettre en place des stratégies pédagogiques mieux adaptées à l’organisation et au fonctionnement du cerveau des élèves. » p.225
Exemple 1: Planifier les activités d’apprentissage
« Par exemple, au lieu de regrouper trois activités pédagogiques liées au même un objectif d’apprentissage sur une seule période, ces activités peuvent être distribuées sur trois périodes différentes. De la même façon, au lieu d’étudier trois heures la veille d’un examen, il apparaît préférable d’étudier quatre fois 30 minutes les journées précédant l’examen.
Une autre stratégie consiste à entrelacer les activités d’apprentissage en alternant les activités liées à différents objectifs d’apprentissage au cours d’une même période. Par exemple, au lieu de consacrer une heure à des activités liées uniquement à l’accord de l’adjectif suivi d’une autre heure d’activités liées à un autre objectif d’apprentissage, il serait préférable de diviser les deux heures en quatre blocs de 30 minutes et d’alterner les activités liées à chacun des objectifs d’apprentissage. »
p.228
Exemple 2: Offrir de la rétroaction
« La rétroaction est généralement catégorisée en deux types : la rétroaction négative et la rétroaction positive. »
« Il a été démontré que la rétroaction négative contribue à l’activation des mécanismes cérébraux de correction d’erreur (Monchi et al., 2001). Ces mécanismes, qui impliquent notamment la mobilisation de réseaux de neurones du cortex préfrontal, s’activent pour analyser la situation, pour détecter l’erreur et tenter d’éviter de la produire dans le futur. »
« La rétroaction positive mène quant à elle à l’activation de la région cérébrale du striatum. Cette région fait partie du système de récompense du cerveau qui permet d’augmenter la quantité de dopamine dans le cerveau (Wilkinson et al., 2014), une substance pouvant engendrer un état de bien être et de satisfaction encourageant à reproduire la même action dans le futur. La rétroaction positive permet donc non seulement d’indiquer à l’élève qu’il réussit, mais elle peut également contribuer sa motivation : plus un élève vit des réussites, plus la quantité de dopamine sécrétée augmente et plus il est susceptible de poursuivre ses efforts pour apprendre et réussir à nouveau. »
[…]
« Or, à cet égard, il a aussi été démontré que le cerveau pose certaines contraintes à l’apprentissage en raison de ses mécanismes de développemen et de maturation. La maturation progressive du cortex préfrontal et des mécanismes cérébraux de correction d’erreur jusqu’au début de l’âge adulte est notamment associée à une plus grande sensibilité du cerveau adulte, comparativement à celui de l’enfant, à la rétroaction négative. À l’inverse, le cortex préfrontal des enfants n’étant pas arrivé à maturité (Peters et al., 2014), la rétroaction négative ne serait pas toujours suffisante et possiblement moins optimale. Ceux-ci tireraient potentiellement davantage. »
« Ce deuxième exemple concernant la rétroaction offerte aux élèves permet également de mettre en évidence que plusieurs paramètres sont à considérer afin d’orienter la façon de fournir cette rétroaction pour qu’elle soit la plus efficace possible, notamment l’âge des élèves, le moment de la rétroaction et le niveau de difficulté de la tâche à accomplir. Une bonne connaissance des effets de la rétroaction sur le plan cérébral apparaît ainsi pertinente pour mieux guider les stratégies pédagogiques employées par l’enseignant. »
Recherches
Le Laboratoire de recherche en neuroéducation de l’UQAM étudie les mécanismes cérébraux liés aux apprentissages scolaires et à l’enseignement et s’intéresse plus particulièrement aux effets de l’apprentissage et de l’enseignement des sciences sur le cerveau et au rôle de l’inhibition et du recyclage neuronal dans les apprentissages scolaires : Publications récentes
Cet article reprend certains passages de la thèse doctorale de l’auteure: Brault Foisy, L.-M. (2020) :
Brault Foisy, L.-M. et Masson, S.(2022) Mieux comprendre les mécanismes cérébraux d’apprentissage pour faciliter la mise en application des connaissances issues de la recherche et favoriser la réussite scolaire des élèves. Cortica 1(1), 219–235. https://www.revue-cortica.net/article/view/1956/1718
(c) Tous droits réservés Lorie-Marlène Brault Foisy 2022 Cette œuvre est sous licence Creative Commons Attribution 4.0 International.