Les grandes tendances de fond en enseignement supérieur

Voici le « 2023 EDUCAUSE Horizon Report® Teaching and Learning Edition »

Les derniers mois ont été marqués par l’irruption massive de l’intelligence artificielle générative dans les salles de classe, ce qui teinte de larges pans du rapport 2023.

Chaque année, la publication du rapport Educause sur les grandes tendances de l’enseignement postsecondaire est un rendez-vous attendu et stimulant qui permet de se projeter dans le futur. Quiconque veut avoir une idée de ce qui se trame dans la boule de cristal des expert·e·s du milieu des technologies de l’information en contexte éducatif y est bien servi. Cette année, 55 personnes, provenant pour l’essentiel des États-Unis, ont été sondées.

Afin de contrebalancer l’omniprésence des technologies, les experte·s invitent à « placer l’être humain au centre » de toutes les préoccupations pour penser l’évolution de l’éducation supérieure.

Quelles sont les grandes tendances à l’horizon ?

Le rapport propose cinq volets à considérer, dont voici un résumé :

tendances sociales : La population étudiante baisse et se diversifie ; depuis la Covid-19, elle s’attend à ce que les modalités d’apprentissage soient flexibles et s’adaptent à son mode de vie ; nous sommes au cœur d’une « révolution de l’accessibilité » marquée par l’équité, la diversité et l’inclusion, sans oublier de favoriser le bien-être et le sentiment d’appartenance, deux facteurs qui contribuent à la rétention et à la réussite étudiante.

tendances technologiques : Les institutions d’enseignement doivent planifier une réponse à la massification des usages de l’intelligence artificielle, aussi bien l’IA générative que l’IA prédictive, et ce, en insistant sur l’apprentissage, la créativité et l’innovation « tout en préservant [des principes] de justice et d’équité » ; les modalités d’enseignement se diversifient, si bien que l’opposition « en ligne » versus « en présence » s’atténue ; tout cela exigera des institutions d’investir dans la formation continue des personnes enseignantes.

tendances économiques : Le coût prohibitif de l’accès à l’éducation supérieure et les opportunités d’emploi abondantes devraient inciter les institutions d’enseignement à mieux accompagner les étudiant·es et les personnes en emploi qui désirent acquérir de nouvelles compétences pour se démarquer sur le marché du travail. Pour ce faire, il leur faut démontrer la valeur ajoutée que leurs programmes peuvent avoir sur leur future carrière, mais aussi en développant des dispositifs d’acquisition de compétences et de connaissances qui ne mènent pas nécessairement à la diplomation, mais qui reposent sur des « microcertifications » (une thématique récurrente du rapport, déjà présente dans l’édition 2022).

tendances environnementales : La « littératie climatique » et l’éducation à l’environnement sont des composantes curriculaires encore négligées, qui devraient pénétrer tous les programmes (et pas seulement ceux en science), ce qui représente un défi important pour les personnes enseignantes qui n’ont pas bénéficié d’une formation initiale en la matière ; les enjeux environnementaux vont continuer de devenir plus pressants, ce qui doit pousser les institutions à se préoccuper véritablement de leur empreinte écologique, en particulier du volet numérique de celle-ci.

tendances politiques : Depuis l’élection de Donald Trump et la pandémie de Covid-19, la désinformation et la polarisation politique sont grandissantes au sein de nos sociétés, ce qui devrait amener les institutions d’enseignement supérieur à reconnaître le besoin de développer les compétences informationnelles de la population étudiante, en insistant particulièrement sur le premier cycle d’études universitaires.

Le rapport permet d’anticiper les tendances et les technologies émergentes en matière d’enseignement. Il fournit des exemples concrets à travers divers contextes institutionnels. On l’aura compris, il s’agit d’une lecture touffue, qui propose une multitude de pistes de réflexion et d’action pour façonner le monde de l’éducation de demain.

En plus de ces cinq tendances de fond, le rapport identifie des technologies d’avenir et illustre des pratiques qui ont cours dans divers contextes institutionnels.

On lira aussi avec intérêt les quatre scénarios prospectifs qui s’aventurent à imaginer où pourrait être le monde de l’éducation supérieure dans dix ans, tout comme les essais de sept experte·s qui s’attardent chacun·e à une technologie ou une thématique spécifique (espaces d’apprentissages, équité et accessibilité, connectivité numérique, apprenante·s adultes, innovation en recherche et enseignement, moral du corps professoral et, finalement, les institutions sous-financées).

Bonne lecture!