16 avril 2024

La littératie de l’IA en éducation 3/3

Pour mieux comprendre et prévenir les potentiels débordements

«Science sans conscience n’est que ruine de l’âme»

François Rabelais, Pantagruel (1532)

Pour conclure la série, ce dernier balado (Podcast) met en lumière la complexité et la diversité des enjeux liés au développement d’une littératie de l’IA en éducation. Du paradoxe de la vie privée à l’apport des perspectives interculturelles, en passant par la nécessité d’apprendre à apprendre et jusqu’à rappeler une citation inspirante de Rabelais pour garder le contrôle sur cette technologie, un consensus : la littératie de l’IA est un incontournable pour permettre aux apprenants et aux éducateurs de tirer le meilleur parti de cette technologie disruptive, tout en gardant un regard éthique et conscient sur ses potentiels débordements.

Cet épisode s’inscrit en amont de l’événement Les opportunités pédagogiques de l’IA générative en enseignement supérieur : mirages et réalités qui se tiendra le mercredi 24 avril 2024, en présence au Cœur des sciences de l’UQAM et en webinaire sur Zoom. 

Pour cet épisode, Yves Munn, chargé de projets pédagonumériques au Carrefour d’innovation et de pédagogie universitaire de l’UQAM, a réuni trois pédagogues de l’IA pour discuter des enjeux liés au développement d’une littératie de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine de l’éducation. Sirléia Rosa, conseillère technopédagogique à l’ESG UQAM, Sandrine Prom Tep, professeure de marketing numérique à l’ESG UQAM, ainsi que Florence Sedaminou Muratet, anthropologue et conseillère pédagonumérique ont partagé leurs perspectives éclairantes sur ce sujet d’actualité.

Photos : Karine Gélinas, Carrefour d’innovation et de pédagogie universitaire, UQAM.

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Les sujets abordés dans cet épisode :

Le paradoxe de la vie privée à l’ère numérique

(01:31) Sandrine Prom Tep aborde d’abord la question du paradoxe de la vie privée à l’ère du numérique. Elle souligne que plus on souhaite un service personnalisé et fluide, plus il faut partager ses données personnelles. (03:04) Cependant, la conception de la vie privée évolue, surtout chez les jeunes générations pour qui être connecté représente une forme d’appartenance sociale. (03:56) Être exclu du monde numérique n’est pas envisageable pour eux. Sandrine évoque la notion de «quantification de soi» avec nos appareils connectés qui collectent constamment des données sur nous. (04:39) Elle s’interroge sur la façon dont nos espaces de vie privée vont se redéfinir à l’avenir, entre intégrité physique et l’espace de notre vie numérique. (05:22) Ces enjeux de vie privée vont forcément influencer notre approche de l’apprentissage, autant comme pédagogue que comme étudiant·e. Si on veut être mieux assisté, il va falloir beaucoup plus rapidement montrer ses faiblesses.

L’apport d’une perspective interculturelle

(05:48) Florence Sedaminou Muratet apporte une perspective interculturelle à la discussion, ayant travaillé plusieurs années en Asie avant de s’installer au Québec. Elle souligne à quel point l’adoption des technologies et le rapport à la vie privée peuvent varier d’une culture à l’autre. (06:43) Florence insiste sur l’importance d’une collaboration géographique élargie pour apprendre des sociétés plus avancées dans l’application de l’IA, comme le Japon où des avatars et robots sont déjà utilisés dans certains contextes. (07:30) Tout en se réjouissant que notre société accorde une grande importance à l’éthique, elle pense qu’il faut ouvrir nos horizons et s’inspirer de ce qui se fait ailleurs pour mieux comprendre les enjeux de l’IA. (09:48) Sandrine renchérit sur ce point, rappelant que notre conception occidentale de la technologie est parfois trop ethnocentrique. S’ouvrir aux autres cultures est une opportunité extraordinaire de repenser notre rapport à l’autre et à la connaissance. L’appropriation de l’IA devient un prétexte pour partager ces différentes réalités culturelles et s’en enrichir.

Apprendre à apprendre à l’ère de l’IA

(13:42) Sirléia Rosa conclut en insistant sur l’importance d’apprendre aux gens à apprendre. Selon elle, une fois qu’on enseigne à quelqu’un à apprendre, il sera capable de se débrouiller et de naviguer à travers les enjeux soulevés par l’IA. C’est particulièrement crucial pour les étudiants et les enseignants afin qu’ils puissent évoluer dans cette nouvelle société façonnée par l’IA.

La littératie de l’IA, un incontournable en éducation

Enfin, (14:35) Florence cite la maxime de Rabelais «Science sans conscience n’est que ruine de l’âme» qui prend tout son sens avec l’avènement de technologies disruptives comme l’IA générative. (16:15) Elle rappelle les propos de Nadia Naffi de l’Université Laval qui considère presque comme «criminel» de ne pas permettre aux étudiant·es et enseignant·s de développer une littératie en IA. Car l’IA n’est pas une mode passagère, mais bien une disruption technologique majeure comme l’a été l’arrivée d’Internet, qui va transformer profondément notre façon de fonctionner. (17:34) Il est donc crucial de garder la main sur cette technologie que nous avons créée, afin qu’elle reste à notre service et non l’inverse. D’où l’importance de développer une véritable littératie de l’IA, qui apparaît comme un incontournable dans le domaine de l’éducation.

En conclusion

Avec l’accès aux outils de l’IA générative en éducation, n’est-il pas essentiel pour les personnes étudiantes et le corps professoral de comprendre et de s’approprier les outils d’IA afin de mieux les appréhender et prévenir les potentiels débordements? Un beau défi à relever ensemble!

Pour en savoir plus

LiteratIA. Développer la littératie de l’IA en éducation.
« LiteratIA est une communauté d’intérêt pour tous les membres de l’enseignement supérieur intéressés par l’intelligence artificielle. Elle vise à échanger sur les pratiques pédagogiques liées à l’IA, à découvrir les technologies qui s’y rattachent et à créer des contenus pédagogiques pertinents pour les enseignantes et les enseignants ».

Et aussi une initiative Belge

AI 4 Edu. Nouvelle plateforme de formation, de mutualisation et de partage de compétences autour de l’intelligence artificielle (IA) générative, à destination de l’enseignement. (Avril 2024)

Les premiers épisodes du 2 avril et du 9 avril 2024

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